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Carcassonne: Société: L’Identité Humaine.

Posted by joëlle sur 14 avril 2011

L’IDENTITE HUMAINE : Ouverture de la réflexion du Mardi 12 Avril par C Caro.

La suite de la soirée vous parviendra la semaine prochaine.

A noter sur vos agendas : prochaine session de l’U P : MARDI 24 MAI de 18 à 20 h :

Thème  de la soirée :      Le compte à rebours a commencé. Vers l’abîme.

Colloque du 1, 2, 3 Juillet

Thème : Frontières et métamorphoses.

Identité :

a)      ce qui fait qu’une chose est de même nature qu’une autre.

b)      Ensemble des circonstances qui font qu’une personne est bien telle personne déterminée

c)      Egalité dont les deux membres sont toujours égaux, quelles que soient les valeurs numériques attribuées aux lettres :

(a+b)2= a2+2ab+b2.

Identique : qui ne fait qu’un avec autre chose.

Identifier : rendre ou déclarer identique : identifier deux genres

Trouver l’identité de : vérifier la nature d’une chose.

S’identifier à : devenir identique.

 

Nous allons nous interroger sur ce qui fait que nous pouvons parler, pour l’ensemble des humains passés, présents et futurs, de personnes appartenant au même genre humain.

 

 

Que sommes–nous devenus et, ce faisant, que devenons-nous ?

« Quelle chimère est-ce l’homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre ; dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur ; gloire et rebut de l’univers. Qui démêlera cet embrouillement ? », Pascal.

«  Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition », Montaigne.

«  Si quelqu’un veut sérieusement rechercher la vérité, il ne doit pas faire le choix d’une science particulière ; elles sont toutes unies entre elles et dépendent les unes des autres. Qu’il pense seulement à accroître la lumière naturelle de sa raison », Descartes.

« Il s’agit d’enseigner l’humanité à l’humanité », Rodrigo de Zayas.

Oui, nous demeurons un mystère à nous-mêmes.

En dépit des progrès prodigieux de connaissance sur notre situation dans l’univers, sur notre matrice terrestre entre deux infinis, sur notre enracinement dans la vie et notre animalité, sur l’origine et la formation de l’espèce humaine, sur notre enracinement dans la biosphère, et sur notre destin social et historique, l’unité complexe de notre identité nous échappe. Sa profondeur demeure largement inconnue. Pourtant,

Nous allons tenter de penser l’humanité de l’homme :

–          sachant que l’humanité comporte l’inhumanité,

–          penser en rassemblant et en organisant tous les composants (biologiques, culturels, sociaux, individuels) de la complexité humaine, en injectant les apports scientifiques dans l’anthropologie ainsi que la conception de « l’homme générique » de Marx elle-même complexifiée par tout ce qui fait la vie des personnes (l’amour, la mort…l’existence).

–          Penser en intégrant, liant, articulant et interprétant les divers savoirs concernant « l’être humain ».

Cette démarche de connaissance est nécessairement complexe :

–          le sujet humain qui l’étudie est inclus dans l’objet de l’étude,

–          elle conçoit inséparablement l’unité et la diversité humaines,

–          elle conçoit toutes les dimensions ou aspects de la réalité humaine qui sont physiques, biologiques, psychologiques, sociaux, mythologiques, économiques, sociologiques, historiques ;

–          elle conçoit l’homo dans toutes ses facettes ;

–          elle tient ensemble des vérités disjointes, dialogiquement,

–          elle allie la dimension scientifique aux dimensions épistémologique et réflexive,

–          elle retrouve un sens aux mots : âme, esprit, pensée.

A l’ère de la dissémination nucléaire et de la dégradation de la biosphère, d’un capitalisme devenu total, du rôle grandissant d’une techno science omnipressante, nous sommes devenus pour nous-mêmes un problème de vie et/ou de mort.

Cette réflexion nous lie au destin de l’humanité.

I – a) De l’enracinement cosmique à l’émergence humaine.

b) L’enracinement biologique.

c) l’hominisation.

II – L’humanité de l’humanité.

 

Cerveau – Esprit

 

Langage  – Culture

 

 

 

La seconde nature :

« Homo sapiens ne s’accomplit pleinement que par et dans la culture, laquelle ne serait pas sans les aptitudes du cerveau humain et réciproquement, il n’y aurait pas de parole ni de pensée sans culture.

Ce sont les cultures qui deviennent évolutives, par innovations, intégrations d’acquis, réorganisations ; ce sont les techniques qui se développent ; ce sont les croyances, les mythes, qui changent ; ce sont les sociétés qui, à partir de petites communautés archaïques, se sont métamorphosées en cités, nations, empires. Au sein des cultures et des sociétés, les individus évolueront mentalement, psychologiquement, affectivement.

Le langage est le  noyau de toute culture et les langues de toutes cultures sont de même structure.

La culture est constituée par l’ensemble des habitudes, coutumes, pratiques, savoir-faire, savoirs, règles, normes, interdits, stratégies,croyances, idées, valeurs, mythes, qui se perpétue de génération en génération, se reproduit en chaque individu, génère et régénère la complexité sociale. La culture accumule en elle ce qui est conservé, transmis, appris, et elle comporte principes d’acquisition, programmes d’action. La culture est le premier capital humain.

L’émergence de la culture, qui se produit par la complexification de l’individu et celle de la société, les complexifie en retour ».

L’humanité du langage.

Le langage à double articulation, original, dispose de la même structure que le code génétique. Mais, alors que celui-ci fait communiquer les molécules et les cellules, notre langage fait communiquer les esprits. Il présente une infinité de combinaisons syntaxiques et grammaticales, permet un enrichissement illimité du vocabulaire. L’écriture va offrir la possibilité d’une inscription au-delà de la mémoire individuelle et d’une croissance infinie des connaissances.

Quelle que soit la langue, il y a dans chaque énoncé un Je (implicite ou explicite), (le locuteur), deux ça (la machinerie linguistique et la machinerie cérébrale), du On (machinerie culturelle). Je, ça, On, parlent en même temps : le langage est une partie de la totalité humaine, mais la totalité humaine se trouve dans le langage.

Le langage permet l’émergence de l’esprit humain, il lui est nécessaire pour toutes les opérations cognitives et pratiques, et il est inhérent à toute organisation sociale.

 

La révolution mentale.

L’accroissement et la réorganisation du cerveau commencés avec erectus et achevés avec sapiens sont les témoins et les opérateurs d’une révolution mentale qui affecte toutes les dimensions de la trinité humaine (individu-société-espèce). Le cerveau de sapiens est devenu une machinerie de dizaines de milliards de neurones, où l’apparition de compétences nouvelles, dans la régression des programmes génétiques héréditaires, permet des développements nouveaux d’autonomie, de stratégie, d’intelligence et de comportement ?

Dès lors, l’esprit émerge du cerveau humain, avec et par le langage, au sein d’une culture et s’affirme dans la relation :

Cerveau – langage – culture – esprit (1) qui rétroagissent les uns sur les autres.

 

Je vous propose de passer sur les développements concernant :

 

L’éros et l’amour, source de complexité humaine et stimulant les passions.

L’ouverture au monde, facteur d’appartenance et d’étrangeté au monde.

La grande évidence : rationalité et technique, facteurs de puissances pas toujours maîtrisés.

L’évidence voilée : l’imaginaire et le mythe, attisés par le mystère de l’existence, à la fois source et débouché des grandes structurations fondatrices de nos sociétés.

Magie, rite et sacrifice, qui opèrent une intégration communautaire, religieuse et cosmique.

La noosphère, sphère des choses de l’esprit, savoirs, croyances, mythes, légendes, idées, qui participe à la boucle auto organisatrice de la société.

L’humanité et l’inhumanité de la mort nous accompagnent en permanence.

L’au-delà des racines, puisque, si nous sommes enracinés dans notre univers et notre vie, nous nous sommes développés au-delà dans lequel s’opère le déploiement de l’humanité comme son inhumanité.

Après quoi, Morin examine : la trinité humaine, c’est-à-dire l’inséparable relation individu – société – espèce et l’indispensable soudure épistémologique.

Puis c’est au tour de l’identité individuelle, que nous devrions approfondir au cours d’une séance prochaine.

Enfin vient l’examen des grandes identités qui entrent dans la composition de l’identité humaine.

–          l’identité sociale : le noyau archaïque sur lequel sont fondées les sociétés

–          l’identité sociale :le léviathan, avec le rôle des états.

–          l’identité historique, avec le rôle qu’y joue le temps, les évènements, les mythes…

–          l’identité planétaire qui nous contraint à beaucoup de modestie.

–          l’identité future, dont l’incertitude jette une ombre sur notre présent.

 

Dans une quatrième partie, Morin tente un décryptage du complexe humain qui correspond à ce sur quoi nous allons venir.

 

Ayons à l’esprit que toute tentative d’étudier séparément tel ou tel aspect de tout ce qui entre dans la composition de l’identité humaine nous fait prendre le risque de simplifications nous masquant les complexités des relations entre ces différentes identités.

Dans le même temps, n’ayons pas peur d’entendre les voix diverses des différentes voies de la connaissance, qu’elles soient scientifiques ou spirituelles.

 

 

Comment comprendre l’identité humaine commune alors que nous pouvons constater une diversité infinie ?

« Bien que le logos soit commun à tous, la plupart des hommes vivent comme s’ils avaient chacun en propre une sagesse particulière », nous dit Héraclite.

Parmi la fabuleuse diversité biologique sur notre planète, la diversité humaine l’est tout autant.

Les cultures sont essentiellement différentes les unes des autres par les conceptions du monde, les mythes, les rites sacrés ou profanes. Elles le sont aussi par les mythologies et les rites de la mort. Les Dieux sont différents. Chaque culture comporte un capital spécifique de croyances, idées, valeurs, mythes, qui lient particulièrement une communauté à ses ancêtres, ses traditions, ses morts.

Les sociétés sont extraordinairement diverses, même si nous pouvons constater une tendance actuelle vers l’uniformisation portée par un universalisme trop souvent abstrait.

Les êtres humains se différencient par la morphologie, le visage, la taille, la musculature, la complexion osseuse.

De fait, chaque humain porte en lui une combinaison singulière des deux séries de chromosomes parentaux, laquelle peut comporter des mutations génétiques qui vont d’autant le singulariser. Dès la préhistoire, le principe d’exogamie et la prohibition de l’inceste favorisent les brassages génétiques, c’est-à-dire la diversification des individus. Les rencontres voulues ou subies ont favorisé les diversifications génétiques.

L’influence des conditions extérieures, qui commence dès l’embryogenèse, va s’accentuer tout au long de l’enfance et de l’adolescence. Le développement de chacun sera sensible aux évènements, accidents, traumatismes vécus au cours des périodes infantiles et juvéniles.

Les diversités psychologiques sont plus frappantes encore que les physiques.

Les principes d’intelligibilité, les systèmes d’idées sont extrêmement divers de culture à culture. Selon les individus, les cultures, les répartitions et les combinaisons entre la pensée rationnelle – empirique – technique et la pensée symbolique – analogique – magique sont très diversifiées, ce à quoi s’ajoutent la diversité des forme d’intelligence, de compréhension et d’incompréhension, ainsi que la diversité entre les modes de pensée logiques, analogiques, intuitifs. Ajoutons la diversité des théories philosophiques, cosmogoniques et des visions du monde ainsi que la multitude des consciences diversement écologisées, sociologisées, historisées, et nous comprendrons mieux que l’unité humaine soit devenue invisible pour les esprits qui ne connaissent qu’en morcelant, séparant, cataloguant, compartimentant. Ou alors que ne soit retenue qu’une unité abstraite, occultant les différences.

Ne pourrait-on pas, dans ces conditions concevoir une diversité humaine fondamentale qui justifierait les différences et donc les racismes ?

Nous ne le pensons pas, nous combattons ces théories. Pourquoi ?

Nous concevons l’unité multiple, la diversité inscrite dans l’unité de la vie.

Qu’est ce que cette identité humaine commune ?

 

Elle est générique : le même patrimoine héréditaire d’espèce est commun à tous les humains et assure tous les autres caractères d’unité (anatomiques, morphologiques, cérébraux) ; il permet l’interfécondité entre tous les humains. Chaque individu se vit et s’éprouve comme sujet singulier, et cette subjectivité singulière, qui différencie chacun d’autrui, est commune à tous.

L’unité cérébrale est un des caractères distinctifs les plus remarquables de l’identité humaine : le cerveau humain dispose d’une organisation fondamentalement commune ainsi que des mêmes compétences fondamentales qui permettent une diversité infinie de performances et d’applications, comme pour le langage.

 

Ainsi, tous les humains ont en commun des traits qui font l’humanité de l’humanité : une individualité et une intelligence de type nouveau, une qualité cérébrale qui permet l’apparition de l’esprit, lequel permet l’apparition de la conscience.

Si nous considérons l’esprit humain, nous pouvons dégager un certain nombre de traits constants :

–          unité affective : Les cultures peuvent moduler diversement leur expression, peuvent induire à leur inhibition ou leur exhibition, mais leur universalité témoigne de l’unité affective du genre humain ; les grands sentiments sont universels. Les différences raciales, ethniques, culturelles n’ont pas altéré l’unité affective, mais par contre elles ont pu altérer la compréhension, d’une culture à l’autre, d’un sourire ou d’un rire.

–          Unité de certains universaux psychologiques : principe de réciprocité, d’échanges, mais aussi de magnanimité, de pardon, de justice ;

–          Unité humaine devant la mort ;

–          Unité culturelle et sociologique : les cultures humaines ont le même soubassement. On peut dégager un modèle universel de société : même matrice organisatrice, comportant les mêmes principes de détermination de la parenté, de règlementation de la sexualité, d’institution d’exogamie, de prohibition de l’inceste ; il agence une même structuration en bio classes (H F J V), avec, presque partout le même rôle dirigeant de la bio classe masculine ; il institue une même fraternisation mythologique à partir d’un culte à l’ancêtre commun ; organisation des sociétés sur le modèle de l’état nation.

L’un multiple : l’unité – diversité.

La notion d’homme est générique : elle constitue un modèle singulier, celui d’une espèce qui engendre des individus, lesquels sont singuliers les uns par apport aux autres.

L’esprit humain n’apparaît que dans des esprits différents.

L’intelligence humaine ne se concrétise que dans des intelligences différentes.

Les universaux psycho affectifs ne se manifestent que chez de individus concrets.

Chaque humain tient potentiellement en lui le pire et le meilleur et l’inhumanité fait partie de l’humanité.

Toutes ces potentialités de l’homme générique s’expriment contradictoirement.

En toutes circonstances, c’est à partir de cette unité générique que prolifèrent et la multiplicité, et les diversités individuelles, culturelles, sociales.

Paradoxalement, l’unité multiple nous unit et nous sépare : ce qui permettrait la compréhension (les langues) provoque l’incompréhension entre les cultures, lorsqu’on ne voit que la différence et non le fond anthropologique commun. L’altérité nous cache l’identité.

 

Nous devons concevoir une unité qui assure et favorise la diversité : c’est bien cet homme générique du jeune K Marx qui génère des diversités illimitées.

 

« Le trésor de l’humanité est dans sa diversité créatrice, mais la source de sa créativité est dans son unité génératrice ».Edgar Morin.

A Carcassonne le 12 Avril 2011

C Caro

Texte recueilli par JJJ

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